La Construction Culturelle de la Citoyennete Europeenne

I. Définir l’Europe et son Identité

La définition de l’Europe et de son identité ne peut et ne doit se faire qu’en utilisant des outils conceptuels appropriés notamment la systémique et la transdisciplinarité. Il faut renoncer aux explications mécanistes, linéaires, strictement déterministes issues de la logique classique aristotélicienne.

L’approche systémique et la vision transdisciplinaire proposent une réalité multidimensionnelle structurée à de multiples niveaux et présuppose la pluralité complexe et l’unité ouverte. La maîtrise de la notion de globalité (impossible de connaître les parties sans connaître le tout et de connaître le tout sans connaître les parties) et de celle de complexité (opposée à l’approche cartésienne qui simplifie tous les phénomènes) s’impose.

L’Europe est une notion géographique aux frontières vagues et une notion historique aux frontières changeantes. L’Europe d’aujourd’hui est née des interactions entre les ethnies, les cultures, les classes sociales, les états, et les peuples qui la forment.

L’identité européenne se caractérise par une complexité contradictoire où on retrouve des binômes tels que : spiritualité – matérialisme ; force (agression) – état de droit (démocratie) ; liberté – responsabilité ; civisme d’état – humanisme (droit de l’homme). Ainsi, l’unité de la culture européenne ne se trouve pas dans la simple synthèse de la spiritualité judéo-chrétienne, du rationalisme grec ou de l’esprit juridique et d’organisation romaine mais dans un jeu complexe souvent contradictoire de ses diverses composantes. D’où la difficulté de définir l’Europe, de penser l’identité dans la non-identité.

Une définition censée de l’Europe et de son identité qui s’est imposée aujourd’hui et qui répond aussi à des exigences pratiques liées à la construction européenne est basée sur les grandes valeurs de paix, liberté, justice, et solidarité. Elle se rapporte évidemment à une culture avec un fondement judéo-chrétien, greco-romain qui a donné naissance à une civilisation originale. Il y a une spiritualité, un humanisme, une rationalité, une démocratie, une solidarité qui, ensemble, définissent la spécificité européenne. Elle est liée aussi à une certaine parenté ethnique et unité originelle de langue, de culture et d’organisation sociale (avec, bien évidemment, plusieurs exceptions notoires), à un art de vivre ouvert sur le monde extérieur, à une même structure pour la règle du jeu (K. Popper), à un destin commun et une vocation universaliste.

“Si j’avais encore essayé, j’aurais recommence par la culture” sont les mots de Jean Monnet comme un regret de fin sur la prevalence de l’economique dans la construction européenne. Robert Shuman, autre père fondateur de la communaute européenne, ecrit dans son testament politique intitulé: “Pour l’Europe”: “Avant que l’Europe devienne une alliance militaire ou une unite économique, elle doit être une communauté culturelle dans le sens noble du terme.”

La construction européenne est devenu possible quand deux conditions étaient remplies: la reconciliation d’après-guerre (le plan Shuman) et la liberalization du marché interne (dont les idéologues ont été Jeremy Bentham et Richard Cobden). Jusque-là, tous les projets basés sur l’utopie ( «Les États-Unis d’Europe» dans la perspective de Victor Hugo), l’idéologie («La Jeunesse Européen» - Giuseppe Mazini), la religion (Republique Christiana) ou les rations géopolitiques etmilitaires (par exemple, la défense commune contre l’invasion turque) ont échoué. Même si, l’idée européenne a été soutenu des grandes personnalités culturelles et politiques, ce n’a été pas suffisante. L’integration est devenue effective par la liberalisation des échanges sociaux et économiques, par le marché commun qui, un fois fait, a rendu possible la transition à l’unification politique.

II. La citoyenneté et la construction de l’identité européene

Le concept de citoyenneté européenne a été inscrit dans le Traité de Maastricht en 1992. La citoyenneté au sens global du terme comprend un ensemble de droits et de devoirs. Or, la citoyenneté européenne ne fait qu’énumérer un certain nombre de droits (celui de s’installer et de travailler dans un autre État membre, de voter aux élections municipales et du Parlement européen…). Celle-ci n’est pas assimilable à la citoyenneté nationale, dont elle reste dérivée. Autrement dit, on est citoyen européen parce qu’on est citoyen français, allemand etc, sans possibilité de l’être de façon autonome.