Voltaire a ecrit CANDIDE pour denoncer les personnes, les groupes et les institutions qui mettaient des freins a la liberte, soit par leur pouvoir dictatorial, soit par leur attitude obscurantiste. Ainsi, son ironie corrosive attaquera 1 la monarchie et la noblesse 2 la religion et l'universite 3 la justice 4 l'armee et le militarisme 5 l'institution scientifique 6 la medecine 7 l'idealisme 1. La monarchie et la noblesse. Le roi des Bulgares passe au moment ou Candide se fait flageller en ayant pass, pour la deuxieme fois entre deux rangees de 2000 soldats munis de baguette a fouetter.Il lui reste 34 fois a passer; il est plus mort que vif. Or, le roi "[...]s'informe du crime du patient, et comme ce roi avait un grand genie, par tout ce qu'il apprit de Candide, que c'etait un jeune metaphysicien fort ignorant des choses de ce monde, et lui accorda sa grace avec une clemence qui sera louee dans tous les journaux et dans tous les siecles."(chap. II). Comprenons bien le mepris exprime ici. La constatation par le roi ne requiert aucun genie, mais un minimum de bon sens seulement. La magnanimite qu'on lui prete releve egalement d'une decence elementaire. Voltaire use ici de style indirect : il nous fait penetrer dans la psyche toute confite de pretention du souverain. Le roi est persuade, et sa cour ne cesse de le lui repeter, que l'ensemble de ses actions releve du genie et de la plus touchante compassion. De meme, dans les dernieres pages de l'oeuvre, Candide prefere le vieillard turc et sa sagesse simple et concrete au six rois (chap. XXVI) qui les avait invites a souper. Pangloss rencherit et laisse entendre que la royaute constitue un metier bien dangereux (sans doute a cause de leur rapine). Il nomme alors 34 rois qui ont ete tues ou soumis a l'esclavage. 2. La religion et l'universite. Religion et universite sont intimement liees, la croix regnant a cette epoque sur le savoir. Ainsi, les sages de Coimbre ne trouvent pas de moyen plus efficace de maitriser l'etendue du tremblement de terre que de "donner au peuple un bel auto-da-fe [immolation de quelqu'un par le feu]; il etait decide par l'universite de Coimbre que le spectacle de quelques personnes brulees a petit feu, en grande ceremonie, est un secret infaillible pour empecher la terre de trembler." (chap. VI). Leur stupidite se manifeste aussi par des manques de jugement portant sur des realites plus ordinaires : Candide sera condamne a la prison pour "avoir ecoute avec un air d'approbation [le docteur Pangloss]".(id.) Au chapitre XV, on retrouve le fils du baron Thunder-ten-tronckh devenu jesuite, a l'oeuvre dans les reductions du Paraguay. Candide lui avoue innocemment qu'il desire epouser sa coeur Cunegonde. L'attitude du religieux, de gentille qu'elle etait, devient arrogante et violente. Il attaque Candide avec son epee. Voila pour la charite chretienne de ses bons peres ! 3. La justice. Plusieurs des epreuves dont ce conte est parseme temoignent d'actes nombreux et varies d'injustice. Chacun des personnages subit souvent les avatars de l'injustice : detention illegale, torture, decret injustifie de mise a mort, etc. En fait, il s'agit moins d'actes isolees que d'une attitude. Les rapports entre humains ne decoulent pas de la foi dans l'ultime decence de l'autre. Plutot, les divers esprits tordus qui emmerdent nos heros creent des rapports de force, de mensonge, de fourberie, non de respect, de lumiere, de droit. Un autre aspect de la justice que decrie Voltaire consiste dans son cout. Au chapitre XIX, Candide se voit depouille systematiquement par le juge, lequel s'appuie sur une panoplie d'arguties et d'arguments judiciaires aussi malhonnetes les uns que les autres. 4. L'armee et le militarisme. Les militaires qui envahissent un pays violent les femmes qu'ils rencontrent, saccagent et massacrent a qui mieux mieux. Mais c'est surtout a l'article "Guerre" de son Dictionnaire philosophique que Voltaire exprime son rejet du militarisme. Il y montre la nature vulgaire et stupide des gens d'uniforme. Ce ne sont que des truands qui s'enrolent pour faire quelques sous et qui se f... de la validite de leurs conquetes (voir Litterature Textes et Methodes d'Helene Sabbat, p. 203). 5. L'Institution scientifique. Au chapitre XXII, l'Academie des sciences de Bordeaux brille de tous ses feux au sujet d'un des moutons rouges ramenes par Candide de l'Eldorado : "[elle]proposa pour le sujet du prix de cette annee de trouver pourquoi la laine de ce mouton etait rouge; et le prix fut adjuge a un savant du Nord, qui demontra par A, plus B, moins C divise par Z, que le mouton devait etre rouge, et mourir de la clavelee." 6. La medecine. Elle est affectee de deux tares : la cupidite et l'incompetence. Le passage suivant, tire du chap.XXII, le montre clairement : "A peine Candide fut-il dans son auberge, qu'il fut attaque d'une maladie legere, causee par ses fatigues. Comme il avait au doigt un diamant enorme, et qu'on avait apercu dans son equipage une cassette prodigieusement pesante, il eut aussitot aupres de lui deux medecins qu'il n'avait pas mandes, quelques amis intimes qui ne le quitterent pas, et deux devotes qui faisaient chauffer ses bouillons. Martin disait : 'Je me souviens d'avoir ete malade aussi a Paris dans mon premier voyage; j'etais fort pauvre : aussi n'eus-je ni amis, ni devotes ni medecins, et je gueris.' Cependant, a force de medecines et de saignees, la maladie de Candide devint serieuse." 7. L'idealisme. C'est surtout a l'idealisme de Leibnitz que Voltaire s'en prend. Pangloss resume et incarne ce courant philosophique. Pangloss est, a part Candide,le personnage le plus important de ce conte. Il saute aux yeux que Voltaire voit dans l'idealisme l'ennemi le plus dangereux de la civilisation. A premiere vue, cela peut etonner. En quoi les elucubrations idealistes de philosophes perdus dans les brumes de leurs abstractions peuvent-elles deranger le gouvernement de la Cite ?
După plată vei primi prin email un cod de download pentru a descărca gratis oricare alt referat de pe site (vezi detalii).