Migration Afrique

Aujourdhui I Afrique a voulu organiser autour de ce sujet une reflexion plurielle, un echange a quatre voix. Y ont participe: C. Sandlar, chercheur, qui poursuit une recherche universitaire sur les migrants en Afrique de louest; J. L. Glory, philosophe, professeur dIUFM; B. Bouche, professeur, membre du secretariat de l AFASPA; F. Arzalier, responsable de la revue. Collaborateurs reguliers dAujourdhui IAfrique, ils ont tous quatre des liens militants avec IAfrique et les Africains depuis longtemps.

Francis Arzalier: Notre revue doit avoir un regard specifique, un peu different de celui de la presse hexagonale, souvent limitee aux dimensions morales, humanistes, du probleme. Nous devons etre aussi les porte-parole des Africains, et pas seulement des immigres aux prises avec les difficultes bien reelles qui les assaillent: le racisme (sur lequel nous reviendrons), les restrictions de libertes individuelles, lexploitation. Question 1: Comment analysez-vous le durcissement du gouvernement francais vis a vis des immigres, tel que lincarne Sarkozy? ou la legislation de Schengen? Quant a Schengen, il instaure un continuum securitaire entre drogue, prostitution, immigration clandestine, delinquance, qui ne peut quavoir des consequences desastreuses sur le debat public et entraine de nombreuses violations des droits humains les plus elementaires. Il serait dailleurs souhaitable que le parlement europeen et les parlements nationaux aient un droit de regard plus important concernant Schengen.

Ce qui est particulierement pervers avec lEurope de Schengen cest que tout en gardant les frontieres etatiques traditionnelles dans les pays signataires, on ajoute la notion de zone frontaliere et, de fait, leclatement des controles frontaliers implique la multiplication des controles didentite sur lensemble du territoire de ces pays.

B. Bouche: La droite sait tres bien quelle ne peut pas arreter le flux migratoire qui provient de lextreme misere, de la necessite de la survie. Elle sait tout autant que nous que si lon renvoie 100 personnes dans un charter, 200 dans le meme temps parviendront a entrer. Elle sait aussi que sil ny a pas un co-developpement au niveau mondial, un reequilibrage economique, cela continuera. Jinterprete les gesticulations actuelles, qui peuvent etre scandaleuses pour les libertes publiques, comme un moyen de fideliser son electorat et de flatter les prejuges, les peurs, des populations qui ont vote a droite. Il faut mettre de la police, expulser des gens, non parce que cela a une quelconque efficacite, mais parce que cela rassure les gens.

J. L. Glory: Cest bien pourquoi nous devons eviter de prendre des positions en reaction a celles de Sarkozy, avec la tentation den prendre le contre-pied: des droits pour tous, libre circulation etc. La question de fond est de savoir quelle e~t la place que doit avoir encore aujourdhui la notion dEtat-Nation. En Afrique, l Etat-Nation qui, tant bien que mal ...